Je ne fus pas déçu car la chapelle, ou oratoire, est surprenante par sa petite taille, mais aussi et surtout par l’originalité du style gothique flamboyant choisi par le bâtisseur, style très éloigné du bâtiment qui l’abrite (avec toutefois des décors Louis XIII). Pour la petite histoire, il faut savoir que cet oratoire ne fut achevé qu’à la fin du XIXe siècle. L’emplacement en avait été réservé dès l’origine, mais seule la voûte avait été exécutée, les colonnes qui auraient dû la soutenir n’ayant pas été réalisées.
Lors de l’achèvement et de l’aménagement de l’oratoire, quelques éléments précieux y ont été installés : deux plaques funéraires et un vitrail ancien représentant Jacques Hurault, aïeul du chancelier Philippe Hurault, et son Saint patron. D’après les «preuves du chancelier de Cheverny, pour le Saint Esprit en 1578», Jacques Hurault aurait fait don d’une vitre à l’église des Jacobins de Paris, et ce serait cette vitre, aux dires du comte H. de Vibraye, qui aurait été achetée en 1857 par le marquis Paul de Vibraye.
Pour mieux comprendre l’utilisation de l’art gothique flamboyant lors de la construction de la chapelle (pour l’intérieur), il convient d’avoir à l’esprit que dans ce cas précis, les bâtisseurs ont cédé à la mode qui est apparue vers la fin du XVème siècle et au début du XVIème (avant la Renaissance), époque à laquelle certains éléments d’architecture gothique ont alors été utilisés à des fins essentiellement décoratives et esthétiques. Entre le XIIe (apparition de l’art gothique) et le XVIe siècle a existé une véritable concurrence entre les évêchés pour l’édification des églises et des cathédrales.
L’évolution dans les techniques que nous connaissons a permis, pour la structure, plus d’élévation, plus de vitraux, donc de transparence, et à l’intérieur, une décoration plus exubérante caractérisée par une grande virtuosité dans la stéréotomie (taille de la pierre) avec l’adoption de la technique de la pierre taillée (en remplacement de la technique de la pierre armée de la période «rayonnante»).
L’architecture gothique est ainsi apparue, pour certains auteurs, comme ayant une identité très forte, autant philosophique qu’architecturale, représentant probablement de ces deux points de vue, l’un des plus grands achèvements artistiques du Moyen-Âge, avant que n’apparaisse l’architecture classique de la Renaissance.
Le Héron - La Grenouille n°10 - Janvier 2011
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